Avec ses lettres à double largeur pilotables en OpenType, Gilway Paradox introduit un rythme typographique inattendu. Douce, fluide, cosmopolite, cette sans-serif signée Art Grootfontein incarne une nouvelle manière d’animer le texte sans le faire bouger.
Certaines typographies jouent avec l’axe, d’autres avec le poids. Gilway Paradox, dernière création d’Art Grootfontein, choisit une autre voie : le jeu d’amplitude. Ni tout à fait condensée, ni franchement étendue, cette sans serif arrondie introduit une variabilité structurelle rare, fondée sur la largeur des caractères — et pilotable dynamiquement grâce aux fonctions OpenType.
Cette particularité donne naissance à un paradoxe assumé : celui d’une typographie à la fois contrôlée et imprévisible, dont les formes douces servent une logique typographique pleine d’élan et de rythme visuel.

Une dualité structurelle comme moteur
Ce qui distingue Gilway Paradox de nombreuses linéales géométriques contemporaines, c’est son alternance de largeurs intégrée. Via une fonction OpenType, l’utilisateur·rice peut “activer” une variation de largeur pour certains glyphes. Résultat : un mot ou une phrase peut contenir des lettres au dessin plus ample ou plus resserré, créant une variation interne, un rythme typographique animé.
Cette approche évoque le mouvement, sans recours à l’animation. Une tension douce s’installe entre lettres, une circulation d’énergie qui donne corps au mot sans le figer.

Un dessin généreux mais contenu
Visuellement, Gilway Paradox affiche des formes arrondies, ouvertes, légèrement rétro. Elle se positionne entre sans-serif humaniste et linéale pop, avec un goût prononcé pour l’uniformité douce.
Disponible en trois graisses (Light, Regular, Bold) et leurs italiques, la famille couvre une large palette d’usages : titrage élégant, habillage packaging, interface douce, branding cosmétique, signalétique non agressive.
Malgré son aspect ludique, la fonte reste parfaitement maîtrisée, avec une rigueur dans l’alignement, une constance dans les courbes, et un soin particulier apporté à la lisibilité. Elle peut cohabiter avec des typos plus structurées dans un système graphique, ou s’imposer seule dans un univers plus expressif.

Une sans-serif qui pense à l’échelle mondiale
Art Grootfontein ne se contente pas d’un système visuel original : Gilway Paradox prend aussi en compte les usages globaux. Elle prend en charge plus de 30 langues, notamment l’afrikaans, le swahili, le zoulou, le filipino — souvent absents des familles typographiques contemporaines, même premium.
Cette ouverture permet d’envisager des projets multilingues à tonalité douce, sans sacrifier ni l’expressivité ni la cohérence.

Applications : là où le texte a besoin de mouvement
Gilway Paradox trouve naturellement sa place dans les contextes où la lettre doit faire image sans s’imposer brutalement :
– design éditorial à la mise en page souple
– branding dans les secteurs de la beauté ou de l’alimentation naturelle
– packaging à orientation sensorielle ou narrative
– titrages affichant une singularité mesurée
Son potentiel réside dans sa capacité à se moduler, à s’adapter au ton plus qu’à l’axe.


Paradoxe productif
Ce qui rend Gilway Paradox attachante, c’est précisément ce paradoxe contenu dans son nom : une typographie ludique mais technique, expressive sans débordement, variable sans chaos.
Elle s’inscrit dans cette tendance émergente de caractères qui introduisent des dynamiques internes sans recourir à la typographie animée ou variable au sens strict.


Elle donne à voir le texte comme une matière vivante, en respiration. Et ça, en 2025, ce n’est pas rien.