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samedi 26 juillet 2025
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Freelance design : comprendre la cession de droits d’auteur

En design graphique, on ne vend ni une idée, ni un fichier. On vend un droit d’usage encadré. Pourtant, la majorité des freelances ignorent ce que couvre vraiment leur devis.

Résultat : confusions juridiques, créations surexploitées, et perte de revenus. Voici une remise à plat dense et concrète de vos droits — et de vos leviers.

Le droit d’auteur vous protège. Automatiquement.

En France, toute création originale bénéficie automatiquement du droit d’auteur dès sa fixation (esquisse, fichier, croquis).
Vous restez propriétaire de votre création, sauf si vous cédez explicitement des droits d’exploitation.

Le droit d’auteur comprend :

  • Droit moral : inaliénable, perpétuel. Vous êtes l’auteur, à vie. Non cessible.
  • Droits patrimoniaux : cessibles via contrat ou clause. Ce sont eux qu’on négocie.

⚠️ Livrer un visuel sans clause, c’est ne rien céder. Le client n’a donc aucun droit d’exploitation formel (même s’il l’utilise quand même…).

Céder ses droits : 3 critères légaux obligatoires

Une cession de droits n’est valable que si elle précise :

ÉlémentExemples
SupportsAffichage, print, web, RS, TV, PLV, packaging…
Durée1 an, 3 ans, 10 ans, illimitée
TerritoireFrance, Europe, monde

Une cession vague type “tout support, pour toujours” sans majoration tarifaire est nulle juridiquement (article L131-3 CPI).

Concrètement, que vend-on ?

Exemple : Vous créez une affiche pour un théâtre

  • 1 version (fichier) = 1 création protégée
  • Le théâtre veut l’utiliser pour :
    • l’impression (300 exemplaires, A2)
    • sa communication web (site + RS)
    • pendant 6 mois
      ➡️ Vous cédez donc ces droits et rien d’autre.

S’il veut ensuite l’imprimer sur tote bags → nouvelle cession, nouveau tarif.

Comment chiffrer une cession ?

La cession se facture en plus de la création, comme une redevance d’exploitation.

Méthodes :

  • Forfaitaire : vous définissez un tarif pour un pack clair (ex. : web + print France, 3 ans → +20 %)
  • Barème SCAM/SAIF/ADA (indicatif)
  • Majoration progressive selon extension :
    • Durée ×1,5
    • Territoire ×1,3
    • Nouveaux supports ×2

Face à un client qui veut « tout »

C’est courant. Une entreprise dit :

Réponse possible :

Ne refusez pas par principe. Encadrez. Et facturez.
⚠️ Toute cession exclusive sans limite de durée + de territoire = équivalent à une vente de brevet.

Modèle de clause à insérer dans vos devis

Cession partielle (recommandée)

La présente cession comprend les droits d’exploitation de la création graphique sur les supports suivants : site internet, réseaux sociaux, flyers (tirage 2000 ex), pour une durée de 36 mois, et pour le territoire français uniquement. Toute extension fera l’objet d’un avenant tarifé.

Cession exclusive totale (à majorer lourdement)

La présente cession porte sur l’ensemble des droits patrimoniaux afférents à la création, pour tous supports connus et à venir, pour une durée illimitée, sur l’ensemble des territoires. Le droit moral est conservé.

Et les pistes refusées ?

Même si non utilisées, elles restent protégées.
Le client ne peut pas les réutiliser plus tard sans rachat de droits.

Clause à ajouter :
“Les propositions non retenues restent la propriété exclusive du designer, et ne peuvent être réutilisées, modifiées ou diffusées sans accord écrit.”

Et si je ne mets rien dans le devis ?

C’est le cas le plus fréquent. Le designer livre un fichier. Le client l’utilise… sans contrat clair.

En cas de litige, le designer reste juridiquement protégé.
Mais l’absence de clause empêche de prouver la portée de la cession. Et rend la facturation future plus complexe.

Mieux vaut un devis mal rédigé qu’aucune mention du tout.

En résumé

Vous livrez…Vous cédez…
Un fichier PDF, EPS, etc.Un droit d’usage limité
Une idée / conceptRien sans formalisation
Un logoUn droit d’exploiter le logo dans un cadre donné

Le client n’achète pas votre création. Il achète un droit de l’exploiter dans certaines conditions.

Tableau récapitulatif – Cession de droits pour designers freelances

ÉlémentCe que ça signifieObligatoire dans un devis/contratCe qu’il faut faire
Droit d’auteurProtection automatique de toute œuvre originale✘ (automatique)Comprendre que vous êtes propriétaire par défaut
Droit moralInaliénable, perpétuel, non cessibleToujours précisé : l’auteur reste crédité
Droits patrimoniauxDroit d’exploiter la création dans un cadre définiDoivent être cédés explicitement (via clause)
Supports d’exploitationOù la création est utilisée (web, print, pub…)Lister précisément les supports
Durée de cessionCombien de temps le client peut utiliser la créationDéfinir une durée (ex. : 1 an, 3 ans, illimité…)
TerritoireZone géographique de l’exploitationEx. : France, Europe, monde
Cession exclusive / non exclusiveLe client est-il seul à pouvoir l’utiliser ?✔ (si exclusive)Mentionner explicitement le type de cession
Pistes non retenuesPropositions non choisies par le client✔ (idéalement)Ajouter une clause : restent la propriété du designer
Réutilisation futureExtension ou nouvelle utilisationPréciser qu’elle nécessite un avenant tarifé
Tarification de la cessionMontant ajouté au prix de création✔ (dans le devis)Proposer une grille modulable ou forfaitaire

Astuce freelance : Préparez un modèle de devis avec blocs de cession pré-rédigés, que vous adaptez selon chaque client.

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